l’art, l’air de rien

CLAUDIO ABATE

Mario Merz, Marisa Merz, Fregene, 1970

Restez,

je veux vous parler de ces trois photos, sans vous perdre. J'y tiens. Elles parlent de vous.

Je sais qu'elles peuvent n'avoir l'air de rien, qu’elles peuvent en devenir abstraites. Je sais qu’elles peuvent avoir tout l’air d’un « truc d’intello un peu chéper », dit-on, qui ne vous regarde… pas, puisqu’on aime bien penser les artistes dans leur monde. Pourtant, c’est tout le contraire. Ces photographies témoignent de votre existence à vous, de la force que vous mettez à vivre et qui ne se voit pas, qu’on garde par pudeur. Elles rappellent ce courage de l'optimisme que souvent on oublie par la force du temps. Ce temps que l’on a plus à perdre pour prendre du recul.

Il y a de grandes chances pour que vous et moi, dans la vie, nous ne soyons qu’une personne parmi tant d’autres.

C’est ce que je vous répondrais si vous me demandiez : qu’est-ce que j’ai à voir avec cet homme en photo ? Nous sommes chacun·e un·e inconnu·e à dix, six cents, trente mille kilomètres d’un·e autre. Il n’y a pas à chercher plus loin, voilà.

Vous pourriez me dire : mais encore… qu’est-ce que je peux en faire de cet inconnu en bord de mer ? Je vous réponds déjà cela : Pensez juste que quelque part, à chaque instant, il doit bien y avoir pour vous un·e inconnu·e dans sa cuisine, dans son bureau. Alors pourquoi pas sur une plage ? Au moment où l'on se parle, il y a vraisemblablement au moins quelqu’un sur une plage dans le monde. Là maintenant. Et maintenant encore. Et pensez alors qu’il est bien possible que vous ayez été ou soyez un jour sur une plage et que vous ayez donc été vous-même, un jour, une fois, l’inconnu·e à la mer pour quelqu’un d’autre. Voilà ce que vous et moi, nous avons à voir avec cet homme ! C’est-à-dire pas grand chose. C’est-à-dire juste ce qu’il faut. Cet être n’est rien d’autre que quelqu’un qui va sur une plage, comme nous pourrions le faire sans prétention ni “hauteur” artistique.

Alors oui, voyez-vous, c’est une photo d’un être, comme un autre. C’est de l’art qui est à la hauteur de rien — si ce n’est de tout — qui n’est qu’à l’image de n’importe qui le regarde du haut de sa vie. Et je ne dis pas qu’une vie permet d’aller à la mer quand on en est loin, je dis juste que si vous habitiez près de la mer, vous n’auriez rien à débourser pour vous y rendre. Que c’est un espace qui, parce qu’il est extérieur et public, peut nous parler à tous. Que dans le fait de passer sur une plage, nous sommes tous du même monde. L’intimité de cet être nous est moins éloignée parce qu’il n’est personne d’autre qu’un corps qui passe là, sans identité. Elle pourrait être la vôtre et la mienne, la vôtre ou la mienne. Comme nous, il fait sa vie, déambule, accomplit ses tâches les plus banales, les plus nécessaires et les plus accessoires parfois. Seulement lui, il se trouve qu’il est allez à la mer.

Et vous me diriez : je ne jette pas des rouleaux de couvertures à la mer moi, ça n’a pas de sens ! Et vous auriez raison. Cet homme, il agit comme un artisan porterait un sac de béton et le jetterait au pied d’un mur, sauf que l’action de l’artisan, elle, est sensée.

Mais pensez y : ça ne vous est jamais arrivé qu’une chose vous paraisse essentielle et que d’autres la jugent absurde ?

La preuve : n’est-ce pas justement ce que nous sommes tentés de faire, là maintenant, vis-à-vis de cet homme ? Qui vous dit que ce qu’il fait n’est pas indispensable à ses yeux ? Lui ? non il ne vous l’a pas dit. Or, il n’y a que lui qui puisse vous en assurer !

Alors, allons-nous simplement juger cela incongru, ou bien allons-nous nous laisser dire que, maintenant qu’il y a de quoi nous identifier a minima, c’est peut-être bien pour s’assurer qu’on puisse entendre un message. Moins figuratif. Vous comprenez… c’est qu’il fallait un moyen de retenir notre curiosité. Quoi de mieux que quelque chose d’insensé ? Ça n’a aucun sens couru d’avance, et c’est pour ça que ça peut prendre tout son sens. Que cela nous retient parce qu’on a envie de comprendre. Oui, il fallait rendre cette action mystérieuse pour intriguer et la mêler à un être aussi commun, simplement vêtu, sans nom, sans grandiloquence pour qu’on y soit un peu sensible.

Vous le voyez cet homme qui jette ses couvertures à la mer ? Et bien oui, c’est l’étrange banalité de sa tâche qui à quelque chose en plus à nous dire. Qu’on n’aurait peut-être pas ou moins voulu entendre autrement.

Étrange banalité, oui, parce qu’il accomplit une étrange tâche dans un contexte bien banal, et avec le calme de cette banalité.

 

" Mais qu'est-ce que la photographie ? La photographie est un langage, une déchirure dans la réalité "

- Achille Bonito Oliva |

" Mais qu'est-ce que la photographie ? La photographie est un langage, une déchirure dans la réalité " - Achille Bonito Oliva |

 

N’oublions pas, avant tout, qu’il est question d’une photographie. Elle est faite pour capter un instant qui se permet de devenir un temps propre, avec sa propre interprétation. Du moins le permet-elle. Cette ouverture à l’interprétation d’un moment, qui transforme un « il ne fait rien de plus que » jeter ces couvertures à la mer, par un simple coup d’oeil, en un « il ne fait rien de moins que » cela parce qu’on s’y est arrêté et qu’on pense avoir compris pourquoi il le fait. Et il y a mille façons de croire comprendre pourquoi, de rendre l’absurdité sensée. Je vous accorde que nous nous éloignons de vous, mais c’est pour mieux y revenir, croyez-moi. Prenons le temps de l’entendre cet homme, ne minimisons pas trop vite son action.

Que l’on s’y arrête, que l’on ralentisse le regard, qu’on prenne le temps de l’observer et l’on voit qu’il ne jette pas. Sinon les couvertures devraient être plus désorganisées. Elles sont trop régulièrement disposées pour ne pas l’être intentionnellement. Non, l’homme les dépose, il les dispose. Il semble être venu faire barrage. Pourquoi disposer des rondins à l’affront de la mer sauf pour tenter de faire barrage ? Ce sont les parallèles qu’il dispose et oppose à la mer — la résistance qu’on imagine de la vague qui s’y heurte — qui nous le murmure. Pourtant, vous et moi, nous nous empresserons de dire que c’est bien vain et illusoire. La mer contourne, elle charrie. Ça ne fait pas le poids. Et pourtant, il le fait quand même. Pourquoi ?

C’est là que se cache toute la beauté que vous-mêmes vous réalisez sans le savoir.

Oui vous êtes beaux sans le savoir, parce que vous ne vous voyez pas. Vous manquez de ce temps, et des artistes veulent vous le redonner.

Lorsque j’ai contemplé ces photos, je me suis souvenu d’une histoire. Elles m’ont raconté cette histoire autrement, ces photos. Et je crois qu’elle va vous parler, qu’elle va nous permettre de trouver ce sens que je veux vous faire entendre parmi tant d’autres.

Cet homme sans nom, sans regard ni grandiloquence, je crois qu’il espère quelque chose. Sans le vouloir, dédié à sa tâche, il illustre notre foi dans l’espoir, notre lutte pour l’optimisme face aux aléas de la vie. Pour garder la tête hors de l’eau — si vous voyez ce que je veux dire. Cet inconnu m’a rappelé une mère qui vit encore dans les livres et qui a peiné et œuvré à sa vie comme elle l’a pu, aux yeux de ses enfants, et de sa fille. Oui, cet homme, dans l’écho de la mère du Barrage contre le Pacifique (Duras, 1950) et de l’Eden Cinéma (Duras, 1977) m’a rappelé symboliquement nos propres barrages contre l’adversité, les soucis et duretés de la vie. La vie qui vole en éclats, de vous et moi parfois, qui en retenons les morceaux. Pour trouver une raison d’y croire encore, de faire barrage contre le désespoir de l’incompréhensible, le pessimisme des situations inextricables. À nous en déposséder de tout, jusqu’aux choses les plus invalables — comme certaines couvertures — pour espérer vaincre ce qui est couru d’avance.

Cet homme comme nous est confronté à l’art de vivre : garder espoir contre une défaite qui s’annonce, anecdotique ou existentielle.

Des plus petits dilemmes aux plus grands déchirements. Cet art de vivre, c’est ce qui fait dire à la mère du barrage contre ceux qui se rient de sa volonté d’essayer : « Si je n’ai même pas cet espoir-là ». Voilà un sens à ce que fait cet homme : c’est la beauté de son dévouement, de son espoir, même vain, du dépouillement de ce qu’il avait en lui, avec lui, pour continuer à aller de l’avant. C’est ce qui fait dire par qui sait y regarder comme à propos de la mère : « Personne n’en avait voulu à la mère d’avoir espéré ». Personne ne vous en veut d’avoir espéré faire barrage. Et parmi les autres il y en a qui voient à quel point c’est beau que vous vous soyez permis de croire à ce que vous faisiez et qui peut-être n’avait pas de sens. Oui, parce que « je vous le répète une dernière fois, il faut bien vivre de quelque chose ». Fusse pour l’espoir seul et son réconfort, nous dit encore la mère chez Marguerite Duras : « c’était son espérance infatigable qui en avait fait ce qu’elle était devenue. Une désespérée de l’espoir même ».

Cette œuvre, oui, elle rend hommage à ceux qui se donnent la peine de vivre, qui ne perde pas de vue l’optimisme, qui en veulent et ne se laisse pas abattre.

Voilà ce que cet homme photographié révèle de vous. Parfois en dépit de l’absence du capital et des facilités de l’espoir, il nous reste la conviction du rêve : y croire encore et encore, le vouloir à espérer le pouvoir. Croire que ces couvertures vont arrêter la mer, croire pour certains que partir loin arrêtera la douleur, croire pour un autre, parmi nous, que s’attarder sur un détail anodin changera parfaitement le cours des choses, savoir, pour un autre encore, que la situation ne changera pas, mais s’être donné tous les moyens — même les plus absurdes aux yeux d’un·e inconnu·e. Rêver, dépasser le raisonnable, se raconter des histoires pour oser trouver la force de tenir, de ne pas faiblir et peut-être de s’offrir plus encore — même en vain après coup. Cet homme nous parle de cette beauté que nous pouvons avoir à garder l’innocence de nos envies, à nous en débrouiller. Parfois, cela paraît aussi insensé que de jeter des couvertures à la mer pour l’arrêter.

Au milieu des conditionnements, ne bridons pas nous-mêmes l’élan créateur de nos envies.

Vivre est un art sans le savoir. Nul ne sait vivre. L’art, c’est avant tout cette première et fulgurante précarité : l’existence qui nous surprend toujours et toujours nous prend de court, et qu’on veut éclaircir pour être plus tranquille.

 

" chaque être humain, n’est-il pas une culture ? "

- Marisa Merz |

" chaque être humain, n’est-il pas une culture ? " - Marisa Merz |

 

Alors vous le voyez : nul besoin de miroir pour que l’art nous parle.

Il y a des miroirs qu’on n’imaginait pas, qui n’y ressemblent pas, qui nous sortent de l’envie de nous voir en miroir.

Vous qui faites votre vie chaque jour qui passe, vous qui pensez peut-être à l’art d’un œil lointain, vous ne vous voyez pas. Vous n’avez pas le recul pour ça, vos yeux vous sont bien trop collés. Ils n’ont pas été faits pour vous voir, c’est mal foutu — ou bien. C’est ce qui nous fait tenir les uns avec les autres : par nature, sans miroir, on ne voit que les autres.

Vous, qui dites ne rien avoir de l'artiste, sachez que, dans d’autres yeux, vous l’êtes toujours déjà. Vous vivez votre vie et vous vous jetez à l’eau ; vous la faite vôtre, cette drôle de vie que vous n’avez pas choisie. Vous faites avec ce que vous avez, les moyens du bord. Vous écrivez votre histoire, vous retenez celles qui font qui vous êtes, qui vous espérez être. Et vous vous improvisez. Bref, vous vous cultivez et vous vous créez sans y penser. Vous, inconnu·e, anodin·e, les yeux bienveillants d’un· autre inconnu·e : et voilà une œuvre. Pour quelqu’un d’autre, vous êtes toujours vous-même l’inconnu qui jette des couvertures à la mer. Et certains, parmi les autres, savent voir votre beauté, comme vous avez su voir la beauté de cet homme photographié, en changeant l’attention que vous lui portiez. Et l’air de rien, nous nous rendons artistes des uns et des autres dès que nous nous accordons la reconnaissance. C’est l’attention qui fait l’art ; c’est la réceptivité à l’autre qui fonde nos rapports.

N’attendons pas que nos rapports soient beaux, pour en constater la douceur. Regardons-les avec douceur, pour prendre conscience de leur anodine beauté, celle qui ne se voit pas, mais qui se ressent. Laissons nous attendrir. Veillons à nous prendre à témoin de la belle douceur des uns des autres sur le vif. Nous prenons trop souvent l’habitude inverse.

Maintenant que nous avons songé à cela, je peux vous dire combien on le doit au travail de trois artistes : Claudio Abate, Marisa Merz et Mario Merz.

Ces trois artistes ne sont pas dans leur monde, iels sont là avec vous. Qui s’efforcent de garder le réel au plus près de réalité dans l’art.

Claudio Abate nous a offert l’écho confidentiel de sa technique photographique. Elle qui nie son propre intermédiaire, prise sans être sûre d’être regardée, sans que l’homme n’ait posé. On ne pose pas quand on vit, dans la vraie vie. L’art de photographier d’Abate est donc gardien d’une intimité qui n’a rien perdu de son naturel. Celle d’un être qui ose agir sans s’inquiéter d’être jugé. Qui nous fait oublier la photographie de ne pas l’avoir reconnue, de ses yeux vue.

En faisant connaître le travail de Marisa Merz, Claudio Abate le laisse s’oublier et se confondre dans ce qu’il a de réalité la plus banale. Celle que l'on trouve au-devant des verres dans les musées, celle que l’on trouve dans l’inexposé : le monde tel qu’on se surprend à le vivre. C’est donc ainsi que Marisa Merz abolit les sources muséales de la grande œuvre bien légitime. Ce statut d’œuvre lui-même dont l’aurait estampillé d’office les murs d’un musée, se perd dans sa nouvelle vie de sujet photographique in situ et du quotidien.

 

" C’est comme la couverture enroulée. Je la regardais, elle était étendue, là, par terre et subitement je l’ai « vue » enroulée. Et la faire tenir enroulée n’a même pas été comme une seconde phase, disons plus organisée. Non, il y avait une corde, là, par terre. Et c’est tout. "

- Marisa Merz |

" C’est comme la couverture enroulée. Je la regardais, elle était étendue, là, par terre et subitement je l’ai « vue » enroulée. Et la faire tenir enroulée n’a même pas été comme une seconde phase, disons plus organisée. Non, il y avait une corde, là, par terre. Et c’est tout. " - Marisa Merz |

 

Les rouleaux de couvertures de Merz ne redeviennent que les couvertures qu’elles sont et n’ont jamais cessé d’être dans le monde. Elles cessent de se faire voler leur banalité pour revêtir une exception que l’intentionnalité d’un espace d’exposition leur aurait imposée. Elles rejoignent la perspective du commun des mortels, loin du feu sacré des projecteurs. Et pourtant, même dans leur évidence prosaïque, cet homme et ses couvertures ont trouvé dans la photographie une sorte d’exposition sans murs où le réel est brut, sans intermédiaire. Où l’on a pu découvrir qu’il était déjà un objet d’art lui aussi. En faut-il une, de raison apparente, pour être beau ? Faut-il cocher des cases, pour être digne, à en être exposable sans être grandi par quelques gloires publiques ? À en être vu pour ce que nous sommes, sans besoin de piédestal ?

Nos existences sont artistiques.

Voilà ce que Claudio Abate, Marisa et Mario Merz — artistes de l’Arte Povera italien des années 1960 — nous donnent à sentir d’un être qui n’existe pas, que nous sommes tous. Cet être qu’ils nous laissent nous représenter, pour qui n’a pas cherché qu’il s’agissait de Mario Merz portant les œuvres de Marisa Merz, pour qui voit simplement que c’est un homme, sans nom, sans raison, ni grandiloquence. De ce qu’il paraît si plein d’absurde, de réel anodin et d’étrange volonté, qu’on n’irait pas penser qu’il s’agisse d’un artiste portant des œuvres d’une autre artiste. Ils nous disent qu’une œuvre se dévoile un peu partout. Même dans l'action de l’un de vous et moi. Oui, nous nous sommes bien pris à croire cela en regardant ces photos, avant de savoir.

Ces trois artistes nous disent qu’entre les choses que nous faisons et le statut d’œuvre, il n’y a qu’un revers : la reconnaissance d’une contemplation — sans dévotion — qui fait oeuvre. Tout simplement. Il suffisait d'un regard, nous dit la photographie.

 

" L’artiste c’est déjà un rôle établi, comme l’épouse, l’enfant "

- Marisa Merz

" L’artiste c’est déjà un rôle établi, comme l’épouse, l’enfant " - Marisa Merz

 

Les cimaises et les vitrines ne font rien de l’art.

Rien à eux seuls, sans notre regard. C’est donc dans la perception que tout ce joue. Alors ne préjugeons pas involontairement de la grandeur de l’art : comme nous le ferions en négligeant ces trois petites photographies. Ne rendons pas l’art plus abstrait qu’il ne l’est. Méfions-nous de vouloir l’accuser de grandes théories. Méfions-nous de toute statu-fiction des artistes, de l’enrégimentation d’une fonction artistique qui ne serait pas en tout le monde. Méfions-nous de nous priver de l’art et de ses découvertes parce que nous jugeons qu’il faudrait y comprendre quelque chose. Il n’y a rien à comprendre, juste à recevoir ce que cela fait germer en soi.

« Moi aussi, je peux le faire ! ». Et bien oui, l’art, vraiment, peut n’avoir l’air de rien, il est l’affaire de tous : c’est se voir vivre, soi, des inconnu·es comme les autres, avec une respectueuse acuité.

— Edouard MAUMONT

 

| REPÈRES

Arte Povera : Courant de l’Italie des années 1960, l’Arte povera (« Art pauvre ») met en oeuvre une pratique critique de l’art pas si éloigné du diagnostique de l’École de Francfort (Dialectique de la Raison, Adorno et Horkheimer, 1944) : dans la société d’après-guerre la culture s’industrialise et l’art est instrumentalisé pour être soumis au productivisme et à son fétichisme de la marchandise reproductible. L’Arte Povera remet au centre l’humain, la culture liée à la nature et la banalité de l’art — à travers des matériaux bruts et peu transformés — contre la démonstration et prétendue sophistication qu’appellent les moyens du capital.

Claudio Abate : Photographe italien, il rapporte notamment les travaux des artistes de l’Arte Povera. Il fait de sa photographie le témoignage que l’art, d’autant plus qu’il n’a pas le fard stylistique de l’expressionnisme, dépend du regard qu’on porte sur lui pour en saisir les symboliques.

Marisa Merz : Unique femme du mouvement Arte Povera, Marisa Merz est une plasticienne italienne qui renouvelle les codes d’exposition, en travaillant à la remise en situation de ses oeuvres hors des salles et musées pour qu’elles ne cessent d’être profondément parties intégrantes du réel. Elle va jusqu’à faire varier une même mise en scène d’une œuvre d’art pour coller au réel qui n’est jamais unique et fixe.

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